image/svg+xml Boule de Suif, de Paul-Emile Boutigny, 1884 Domaine public 145x200cm, conservé au Musée des Beaux Arts de carcassonne, publié en ligne sur Wikipedia. 1884 Signature du peintre Comme le plus souvent, l'artiste a signé et daté son oeuvre. Un décor réaliste Dans un tableau réaliste, l'artiste choisit toujours un décor inspiré de la réalité, comme avec cette ville en plein hiver, laissant la part belle aux détails triviaux qui renforcent le réalisme de la scène en lui donnant l'apparence d'un instantané pris sur le vif, avec l'irruption du hasard et de la nature. Ici, le panier renversé, la charrette vide, les pigeons en train de picorer les miettes de la rue, les chevaux ne regardant pas dans le même sens, concourent à donner une impression chaotique propre au réel. Neanmoins, dans un tableau bien conçu, rien ne relève du simple hasard... Des détails réalistes Ainsi, presque chaque détail apparemment anodin du tableau peut renvoyer symboliquement ou métaphoriquement à l'histoire de Boule de Suif. Les deux chevaux tractant la voiture, par exemple, et ne se tournant pas dans la même direction, symbolisent les hésitations dans la conduite à tenir pour le personnage principal ou ceux qui l'accompagnent. La volée de pigeons à leurs pieds peut représenter la foule de bêtes humaines sans cervelle qui s'empiffre égoïstement comme ses compagnons de voyage exploiteront Boule de Suif. Au premier plan, plus lisible encore, le panier renversé et les quatre pigeons qui semblent s'en disputer les restes incarnent métaphoriquement comment les hypocrites compagnons de voyage de Boule de Suif l'ont épuisée avant de la sacrifier, la charrette vide pouvant souligner encore le dépouillement progressif du personnage principal. Une présence militaire On distingue également tout autour de la scène, la fermant et cernant les personnages, les soldats prussiens en faction ou en observation. Les personnages français apparaissent ainsi surveillés, encerclés, emprisonnés. Le cadre du huis clos Le sujet principal, proche du centre, est bien cette masse sombre et compacte de la voiture, lieu où se tiendra une partie du huis-clos où se jouent les relations entre les personnages et les ressorts de l'intrigue. Le bon peuple On trouve, massée contre la voiture, la foule des voyageurs qui se tient à distance de Boule de Suif mais qui semble la redouter autant que l'attendre, leurs habits noirs reflétant la noirceur de leurs âmes et intentions envers l'héroïne. Une héroïne isolée Dans tout ce décor où se tiennent des groupes de personnages solidaires, seule l'héroïne se tient solitaire, au centre de l'image, mise en relief en haut des marches et dans une tenue plus claire. La couleur de ses habits tranche sur le noir général et, par un effet de contraste, invite à un renversement des valeurs, puisque c'est ainsi la prostituée qui apparaît plus lumineuse. Néanmoins, elle se dissimule dans ses vêtements pour échapper à tous les regards qui la pressent, serrant son panier contre elle, comme fuyant un danger réel, la menace qui pèse sur elle. On remarque au passage la présence du rouge à l'intérieur de son capuchon, comme la marque visible pour tous, la tache honteuse de son activité réprouvée par le bon peuple, le stigmate qui lui vaut cette hostilité et qu'elle ne parvient pas à cacher. La descente des marches Pour rejoindre la voiture, elle doit avancer et affronter son destin. Or, c'est la descente des marches qui l'attend, symbole de ce qu'elle va endurer, perdre, et qui va la dégrader, la faire chuter davantage. Le regard innocent Etonnant dans ce tableau, on remarque un enfant isolé, comme perdu, un angelot blond vêtu de bleu, couleur du ciel par excellence. L'incarnation des lecteurs de la nouvelle qui,épris de justice et capable d'esprit critique, sauront innocenter Boule de Suif en hommage à son courage ? Le regard concupiscent Seul homme dont le visage est vraiment visible, il pourrait représenter M. Loison qui semble le seul à assumer son regard et son désir envers la jeune femme. La domination prussienne Ecrasant enfin toute perspective de fuite, condamnant le passage vers l'avenir, l'officier prussien monté au premier plan domine la scène en conquérant.
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