Sujet: Habitat traditionnel Ven 14 Mar 2014, 22:51
Habitat traditionnel
Il
fut une époque où chaque région ou micro-région avait une identité bien
définie : langue, coutumes, activités professionnelles...
Les
particularismes régionaux était très visibles dans l'habitat. Ainsi, on
ne construisait pas les maisons de la même manière en Bretagne ou dans
le Roussillon, en Auvergne ou dans la Beauce.
Tout ça dépendait
des matériaux disponibles sur place, du climat, des influences
culturelles, des activités économiques, du mode de faire-valoir
agricole...
Petit tour d'horizon de l'habitat traditionnel en France, mais pas seulement.
Sujet: Métabief et Rondefontaine (Mouthe), Doubs, massif du Jura, France Ven 14 Mar 2014, 22:53
MASSIF DU JURA
Le
Jura français est marqué par un climat rude en hiver. On y trouve de
petits villages-rue denses, ainsi qu'un habitat dispersé, formé de
grosses fermes.
Du côté de Métabief : la
ferme permettait de mettre à l'abri la famille au sens large, ainsi que
les bêtes pendant les longs mois d'hiver, le fourrage, les récoltes, et
comportait un atelier (la pluri-activité était de mise, et le travail du
bois apportait des revenus bienvenus). 46°46'56.43"N 6°20'40.57"E
Le bâtiment fait 40 mètres de long.
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A Rondefontaine,
tout près de Mouthe, village considéré comme le plus froid de France
(d'où son surnom de "petite Sibérie") : ferme en un seul gros bâtiment
(40 mètres de long pour la première, 30 pour la celle à l'arrière plan) -
46°43'56.25"N 6°10'57.24"E
Dans les hameaux ou les villages, on retrouve le même type de constructions.
Ici,
à Montrond : la taille des maisons traditionnelles est à mettre en
parallèle avec celle des rares pavillons modernes que l'on voit en bas
de l'image. 46°47'59.96"N 5°49'58.19"E
46°47'59.18"N 5°49'59.34"E A remarquer, le pignon (= le petit côté de la maison) est recouvert de tôles isolantes.
Sujet: Bringolo, Côtes d'Armor Mar 25 Mar 2014, 22:55
CÔTES d'ARMOR
Les
Côtes d'Armor (anciennement Côtes du Nord, que personne ne savait
localiser sur la carte de France, et que l'on plaçait immanquablement
entre la Normandie et le Ch'Nord, c'est dire comme la France est
mauvaise en géographie française...) est un département breton
composé de plusieurs entités bien distinctes : le Goëlo, la Côte de
granit rose, la Côte d'Émeraude, l'Argoat.
Dans le Goëlo (entre Saint-Brieuc et l'île de Bréhat), les fermes ont une forte tendance à avoir pignon sur rue.
Le pignon, c'est le petit côté d'une bâtisse. Et pignon sur rue,
étymologiquement, ça veut donc dire que ce petit côté donne sur la rue.
Évidemment, l'expression "avoir pignon sur rue" (c'est-à-dire avoir une
notoriété certaine) nous vient du Moyen-Âge, époque à laquelle la
majorité des maisons des bourgs et des villes étaient construites avec
le petit côté donnant sur la rue. Ainsi, les plus riches avaient leur
maison donnant sur la rue, et les plus pauvres habitaient au fond des
cours, à l'arrière-plan (j'adore écrire des trucs que personne ne lira
jamais, et que des archéologues déterreront peut-être dans plusieurs
centaines d'années, en se demandant si c'était du lard ou du cochon).
En une photo, vous avez tout compris ! 48°34'49.53"N 2°58'50.49"W (Kersteün, commune de Bringolo)
Dans
le même hameau de Kersteün, un bel exemple de ces habitations en
longueur. Et en l’occurrence, la baraque a été très bien retapée). 48°34'52.90"N 2°58'53.32"W
Toujours à Kersteün - 48°35'12.17"N 2°58'56.63"W
Lorsque l'on a plusieurs bâtiments (4 bâtiments dans ce cas), ça créé des cours entre les bâtiments. 48°36'2.90"N 2°58'46.28"W (La Trinité)
Sujet: Re: Habitat traditionnel Ven 28 Mar 2014, 08:52
winnie a écrit:
(j'adore écrire des trucs que personne ne lira jamais, et que des
archéologues déterreront peut-être dans plusieurs centaines d'années, en
se demandant si c'était du lard ou du cochon).
Sujet: Re: Habitat traditionnel Ven 28 Mar 2014, 13:58
Mais si on te lit, Winnie, d'autant plus que ce sujet me passionne. D'ailleurs,
je compte bien y mettre bientôt mon grain de sel en ce qui concerne
l'habitat traditionnel en Belgique, si cela ne te dérange pas. Merci pour avoir entamer ce topic, en tout cas.
Ce genre de maisons fait partie de la grande famille des longères, type de maison en longueur que l'on retrouve beaucoup en Bretagne, mais qui s'est beaucoup exporté dans d'autres régions.
Si
aujourd'hui ces maisons accueillent de belles résidences secondaires,
il ne faut pas oublier qu'à l'origine, les habitants étaient
plutôt humbles. Parfois, plusieurs famille habitaient la même longère.
Dans un hameau de Pleubian. 48°49'46.24"N 3° 8'33.26"W Version GE (désolé pour la piètre qualité de l'image)
A mon avis, le résultat définitif est la conséquence de deux phases de construction.
Sujet: Saint-Julien-en-Beauchêne, Hautes-Alpes / Lus la Croix-Haute, Drôme Mer 09 Avr 2014, 21:55
VALLEE DU BUËCH (col de la Croix-Haute)
On file dans les Alpes, tout près de la frontière invisible entre Alpes du Nord et Alpes du Sud.
Le
Buëch est un torrent qui coule vers le sud, en direction de la Durance
(... et de la Méditerranée). Il prend sa source à Lus la Croix-Haute.
Tout près de là, le col de la Croix-Haute culmine à 1176 mètres. Il est
donc a une altitude assez modeste, et il s'inscrit sur la route logique
entre les Alpes provençales au sud et le Dauphiné et les Alpes du nord.
La vallée du Buëch est parsemé de petits villages serrés, tel Saint-Julien-en-Beauchêne. 44°36'59.79"N 5°42'34.06"E
Ces
villages ont tendance a être passablement vides, suite à plusieurs
vagues d'exode rural, même si quelques soixante-huitards sont venus
élever des chèvres dans le coin. 44°36'59.43"N 5°42'35.05"E
En
dehors de ces rares villages, on remarque des fermes constituées en
général de trois bâtiments : habitation et atelier, grange, étable. 44°41'32.08"N 5°41'8.45"E
Grange et habitation
Étable et habitation depuis l'autre côté
Les
fermes peuvent également tenir en un seul gros bâtiment, avec ou sans
dépendance, à l'image de ce que l'on a vu dans le Jura. Ici, un bâtiment
de 32 mètres aux abords de Lus la Croix-Haute. 44°40'1.34"N
5°41'49.49"E
Côté habitation. Le petit bâtiment sur le côté semble être une dépendance, style étable.
Dans
le Mâconnais, région marquée par la viticulture, on trouve des maisons
en hauteur dont le rez-de-chaussée est destiné à la production et la
conservation du vin, le 2ème niveau destiné à l'habitation, et le 3ème
niveau au stockage.
Au premier étage, on trouve une galerie, à
laquelle on accède par un escalier qui est le plus souvent
perpendiculaire à la façade.
Sigy-le-Châtel - 46°33'17.37"N 4°34'24.11"E
Sigy-le-Châtel - 46°33'16.79"N 4°34'27.78"E
A mi-chemin entre l'exploitation agricole et la maison forte, Sigy-le-Châtel - 46°33'17.11"N 4°34'34.28"E
Sigy-le-Châtel - 46°33'19.41"N 4°34'35.81"E
A Bièrre (un nom bien étrange dans une région viticole) - 46°33'45.60"N 4°35'0.39"E
A Saint-Martin-la-Patrouille - 46°34'55.13"N 4°33'14.63"E
Sujet: CEVENNES : Les Plantiers / Saumane / Valleraugue, Gard Ven 16 Mai 2014, 21:42
CEVENNES
Les
Cévennes, région montagneuse à l'extrême sud-est du massif central,
se situent à la frange du milieu méditerranéen. Localement, le
climat peut être assez rude en hiver... et caniculaire en été. D'un
point de vue humain, c'est devenu un sacré désert. Mais au moment des
guerres de religion, nombreux sont ceux qui y ont trouvé refuge. C'est
la terre d'une partie de mes ancêtres. Ils vivaient d'agriculture
compliquée sur des champs étroits en terrasse, de chasse (tendance
braconnage), de châtaignes. On y a longtemps cultivé le mûrier, afin de
nourrir le magnan (le vers à soie).
Point de vue habitat, c'est
une région d'habitat groupé, que ce soit dans de petits villages ou des
hameaux (des mas), en fond de vallée (près de l'eau) ou accrochés aux
pentes des montagnes. Les maisons traditionnelles y sont de grande
hauteur et comprennent 3 à 4 niveaux. Le logis occupe souvent les 2
niveaux médians.
Lieu-dit la Hierle, Les Plantiers, Gard. 44° 6'7.81"N 3°44'12.53"E
Le Mas Boyer, Saumane, Gard. 44° 8'14.92"N 3°45'2.30"E
Ardaillers mas de l'église, Valleraugue, Gard. 44° 4'4.16"N 3°41'30.89"E
Sujet: Saint-Etienne du Bois / Courtes / Saint-Sulpice, Ain - Romenay, Saône-et-Loire Ven 23 Mai 2014, 23:16
LA BRESSE
Comme
on a pu s'en rendre compte, la maison traditionnelle répond à un
utilisation spécifique, et elle est construite avec les matériaux du
coin.
En Bresse (région célèbre pour son poulet à pattes bleues,
sa poularde et son chapon), on ne trouve pas de pierre de taille à
proximité. On a donc construit avec du bois (charpente et sole en
chêne), du torchis (mélange d'un entrelacs de branches de bourdaine, de terre et chaux), des briques de terre cuite.
Ferme des Mangettes, Saint-Etienne du Bois (Ain). Cette
ferme a été bâtie en 1465, sous le règne de Louis XI (datation par le
bois). Elle comporte deux pièces : "la maison" (seule pièce chauffée) et
"la chambre". L’étage ne sert jamais de logement, mais à entreposer les
grains après le battage. 46°17'2.63"N 5°17'19.20"E
La
particularité de ce genre de maisons, c'est qu'on pouvait les déplacer :
elles se démontaient et se remontaient. Ainsi, plus de cent fermes ont
été ainsi déplacées. La plus longue distance a été de 32 km et le
transport s'est fait à l'aide de bœufs.
Ces maisons n’avaient pas
de fondations, et elles étaient considérées comme des biens meubles et
non pas des immeubles. Elles pouvaient être vendues indépendamment de la
propriété du sol.
Sur le toit, on voit également une cheminée sarrasine, typique de la Bresse.
Ferme de la Forêt, Courtes (Ain), deuxième moitié du 17e siècle. 46°28'0.06"N 5° 7'5.49"E
Ferme des Broguets, Saint-Sulpice (Ain). 46°18'53.00"N 5° 2'29.81"E